Le célèbre écrivain Jan Holm est opéré d’urgence suite à un problème cardiaque. Cette expérience lui inspire l’écriture d’un roman qui “ne respecte pas la chronologie des événements mais celle des sentiments“, intitulé Réception céleste.
À partir de cette base autofictive, Jukkä Viikilä construit un récit singulier, où les voix et histoires des lecteurs finlandais de Réception céleste s’entrelacent avec les extraits du roman de Jan Holm. Leurs perceptions, réactions et souvenirs liés à l’œuvre fictive de Jan Holm viennent non seulement esquisser un portrait collectif des lecteurs et de leurs interactions avec le livre, mais aussi nourrir une réflexion sur la maladie, l’amour, la perte et la création littéraire.
De là, les événements sautent tantôt en avant tantôt en arrière, mais le sentiment suit une progression plus directe vers la compréhension.
Le roman se déploie en courts fragments discontinus qui font naviguer le lecteur d’une voix à l’autre, d’une histoire à l’autre, dans un mouvement imprévisible ; un texte à l’image de l’esprit humain, où les pensées ne suivent pas toujours un fil strictement logique, mais rebondissent d’une idée à une autre au gré des événements et des sentiments.
Je suis moi-même le personnage de ce livre.
Inutile de réfléchir à quelque correspondance que ce soit avec la vie dite réelle.
L’une des particularités majeures de ce “roman dans le roman” réside dans son interaction subtile avec le lecteur (réel) : plus qu’une mise en abyme, Jukka Viikilä anticipe les réactions et interrogations de celui qui tient son livre entre les mains. Ainsi, l’auteur se fait lecteur et critique de son propre texte, tandis que le lecteur devient à son tour un personnage du récit.
Nul ne devrait disposer d’un pouvoir sur autrui, ni en art ni en science ni dans la vie économique. L’égalité, ce ne seront que de belles paroles tant que nous rembourserons nos emprunts en obéissant aux ordres d’autrui.
En jouant avec les codes du récit, l’auteur interroge la relation entre écriture et lecture, entre création et interprétation et montre comment notre regard sur un texte est souvent façonné par notre expérience personnelle.
Ce nouveau roman de Jukka Viikilä est un texte polyphonique audacieux qui propose une expérience de lecture unique mais qui, s’il fascine dans un premier temps, aurait gagné à être raccourci, le procédé tendant à s’essouffler et perdre en intensité à mesure que le nombre de pages lues augmente ; sans compter que si l’on apprécie le temps passé avec certains personnages, d’autres, en revanche, donnent envie de tourner la page plus vite.
Réception céleste – Jukka Viikilä | Gallimard – 2024
4e de couverture :
« Le livre ne respecte pas la chronologie des événements mais celle des sentiments. »
L’écrivain Jan Holm est opéré d’urgence : le sang dans son cœur circule dans le mauvais sens depuis des années. Après avoir quitté l’hôpital, Holm publie un roman autofictif sur lequel tout le monde aura bientôt une opinion : Réception céleste. C’est un récit multiple sur la solitude, une maladie mortelle et la réception d’un roman. C’est une œuvre aux mille sujets et personnages avec un noyau personnel fort, des critiques, une quête, tout un travail d’explication fantaisiste et, surtout, une histoire polyphonique et fragmentée sur les lecteurs d’Helsinki qui, en retour, racontent les événements de leur vie et leur lecture de Réception céleste. Leurs commentaires, leurs désirs, leurs caprices et leurs points de vue tourbillonnent dans l’oeuvre. Ensemble, ils créent un monde aussi complexe et multiforme qu’un himmeli.
Réception céleste bouscule la forme traditionnelle d’un roman et questionne les rôles de l’auteur et du lecteur, de l’écriture et de la lecture. Le livre se lit lui-même, anticipe sa réception et montre comment nous lisons toujours à travers nos propres expériences.