Avec La confession, Romane Lafore signe un roman aussi captivant que dérangeant qui nous plonge dans le milieu catholique traditionaliste. Loin d’en faire l’apologie mais sans pour autant le juger, elle met en lumière les contraintes inhérentes à ce milieu et aborde avec finesse les thèmes de la culpabilité, la foi et le poids des normes sociales.
La confession, c’est celle d’Agnès, jeune catholique pratiquante, qui s’est conformée au destin tracé pour elle : un mariage idéal avec un Saint-Cyrien, une vie rythmée par la foi et les traditions, la promesse d’une maternité épanouie. Mais lorsque cette dernière persiste à lui être refusée, une brèche s’ouvre en elle, mettant à mal ses certitudes et son identité.
Que vais-je devenir si je ne peux pas afficher sous la forme d’une ribambelle d’émojis joufflus le nombre de mes bébés sur Instagram ? Qui suis-je si je ne suis pas une “maman de 3”, une “christian mum of 4”, de quatre, de six ?
De roman choral à monologue confessionnel, La Confession aura représenté des années de recherches, entre écoutes d’offices religieux, explorations de sites de renouveau charismatique, lectures des évangiles et de Saint Augustin. Après quatre ans d’errances et alors que Romane Lafore hésitait à abandonner le roman, Agnès aura fini par trouver sa voix et il n’aura alors fallu que six mois à l’auteure pour finir son récit.
Porté par un style percutant, le roman nous happe dès les premières pages : quel crime, impardonnable à ses yeux, Agnès a-t-elle pu commettre ? Jusqu’où l’a menée le vide laissé par l’absence d’enfant ? Ce choix de la confession entretient le suspense jusqu’à la dernière page, révélant peu à peu les secrets et les contradictions d’Agnès.
Je me trouvais à l’intersection de mes deux vies, je pouvais prétendre être celle que je n’étais plus et dégainer mon étendard, ou je pouvais, pour la première fois, ôter le cirage dont je m’étais recouvert le visage pour me montrer sous mon vrai jour.
À travers les dilemmes moraux d’Agnès, Romane Lafore brosse le portrait poignant d’une femme tourmentée par la culpabilité et explore avec subtilité la question du bien accompli pour de mauvaises raisons et du mal dicté par de nobles intentions, livrant un récit dense et nuancé, qui interroge sans imposer de réponse.
La Confession – Romane Lafore | Flammarion – 2024
4e de couverture :
Quel crime a commis Agnès pour ressentir aujourd’hui l’impérieux besoin de se confier ? Cette jeune catholique pratiquante était pourtant parvenue à rendre sa vie conforme à son rêve de petite fille et au scénario souhaité par son milieu : à vingt ans, elle avait rencontré son futur mari au très prisé bal du Triomphe des saint-cyriens, elle avait abandonné sans regret ses études pour le suivre en régiment à Bayonne, où elle avait attendu tranquillement que s’accomplisse sa destinée de mère de famille nombreuse. Engagements, foi, sociabilité : elle avait tout bien fait. Mais les années ont passé, et son ventre est resté vide. Cette maternité qui se refuse, en instillant chez Agnès le sentiment de son imperfection et de son inutilité, a provoqué en elle une fissure. Au point de la pousser à commettre ce qui ressemble au pire, à ses yeux comme à ceux de sa communauté.
Dans ce roman haletant et glaçant, Romane Lafore met en scène une jeune femme, hantée par le bien et le mal, qui tente de trouver son chemin entre culpabilité et liberté.